- Ce sujet contient 3 réponses, 3 participants et a été mis à jour pour la dernière fois par
, le il y a 2 années et 11 mois.
-
Messages
-
-
Je relaie ici une proposition d’Axel De Louise de rubrique de commentaires et d’échanges libres sur la Série En Thérapie (visible sur Arte).
PS : cette rubrique prend le relais du groupe Agorakit précédemment utilisé.
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020578/en-therapie/
-
cette série est un bon support pour partager autour des techniques d’accompagnement. Il y a eu déjà des échanges sur la plate-forme qu’avait créé Nathalie. J’ai remarqué que cela s’épuiser assez vite. Donc, je lancerai des questionnements de temps en temps pour stimuler vos réflexions.
premier questionnement concernant le début des accompagnements. Avez-vous remarqué qu’en général il n’y a pas de contrat de séance. Rarement un objectif de séance est formulée.
Que pensez-vous des avantages et des inconvénients de cette façon de faire ?
-
Texte que j’avais partagé sur Agorakit, je viens de cloturer mon compte, je le partage à nouveau ici.
Je m’essaye à commenter le premier épisode de la série En thérapie, comme tu nous l’a proposé. J’ai regardé les 35 épisodes puis laisser reposer. J’ai visionné à nouveau le premier en prenant qq notes. Comme je n’ai aucune idée sur la manière ou la structure d’un commentaire analytique ou clinique de psy, j’y vais à l’intuition, comme un barbare dont je me revendique.
Et d’abord en me plaçant dans le rôle d’un client, à la place de cette chirurgienne. A priori cela fait un an qu’ils se voient toutes les semaines. Ce qui est un peu déroutant pour moi c’est que dans ma psychanalyse avec mon psychiatre depuis presque 10 ans, je ne vis pas du tout la même chose que dans ce film. J’ai demandé à mon psy si la manière de faire de ce thérapeute était de la psychanalyse, il m’a répondu que chaque thérapeute avait son style et que certains pourraient être ainsi comme cet acteur thérapeute.
Je suis très sensible au lien avec le thérapeute. Or là selon moi ce thérapeute dans le film a un lien très variable et de mauvaise qualité avec sa cliente. Sensible aussi au caractère contenant de sécurité du thérapeute : va-t-il créer un contenant dans lequel je vais pouvoir m’ouvrir en toute sécurité ? Ici la réponse est clairement non. Il réagit aux propos de sa cliente, se laisse embarquer dans le narratif, ses sentiments, il répond, rentre dans son jeu au lieu d’utiliser la matière apportée. Il y a tout un pan que tu ne vois pas mais l’acteur a bcp de mimiques faciales qui réagissent au client, comme s’il était surpris, déçu, ennuyé, consterné… son body language est très expressif et bcp dans la réaction. Il est impacté par sa cliente. Est-ce au service de la sécurité ? Non je ne crois pas. Ce sont autant d’accroches que des protecteurs vont potentiellement devoir gérer, créer des doutes, interpréter, se positionner, faire avec. Cela peut consommer bcp de temps et d’énergie à apprivoiser son thérapeute sur ces aspects, je trouve.
Il semble savoir pour elle, très souvent, en étant bcp dans l’affirmatif plutot que l’hypothèse d’une question, en lien à une curiosité vers l’autre. Il sait pour elle, il se parle à lui et non pas à elle en fait. Il ne cherche pas à savoir qui parle, ni pourquoi elle parle ainsi, il est bcp sur le plan du quoi. Dans l’histoire, ce qu’il se passe, ce qui se dit. Il est bcp dans le cérébral, les concepts analytiques, employant un jargon analytique qui ne favorise pas le lien, voir pathologise la relation et la cliente. Il est dans le cérébral, elle est dans ses émotions, ils ne sont pas sur le même plan, ils se croisent sans se comprendre l’un l’autre. L’actrice dans le film joue remarquablement bien, elle est hyper expressive, hyper sensuelle, c’est comme si toute cette communication passait à la poubelle et il ne s’intéresse qu’à l’histoire et les mots. Mon psy ressens des choses, a des intuitions, me les partages en hypothèse. Il prendre en compte l’aspect multi dimensionnel de la personne et de la relation.
Dans l’épisode, le thérapeute fait pas mal de commentaires, sans reformuler vraiment ce que dit ou vit sa cliente. Il se parle à lui, de part en part, ce n’est pas au service du lien et d’une écoute.
Je ressens peu d’empathie, bien que la personnalité de l’acteur très bien trouvé pour le rôle en dégage plutôt pas mal. Il a un bon fond ce thérapeute.
Il donne des ordres, « continuer », c’est lui qui pilote. Est-ce au service du rythme ?
Il fait régulièrement son analyse qui semble être le coeur ou l’acmé de la thérapie en confrontant la cliente devant des incohérences, en reliant des dires, des évènements, en interprétant pas mal. De fait cela a un résultat très bien orchestré dans le scénario et les dialogues car cela n’a de cesse d’activer les protecteurs de la cliente contre lui, plutôt que d’en faire des alliés, de leur venir en aide et d’ouvrir. Elle se braque, « vous ne me connaissez pas », « vous ne me comprenez pas ». Le 1er épisode est un concentré de batailles entre protecteurs, de la cliente, de lui, en crescendo pour qu’au final est lui balance assez brutalement et avec une finesse de jeu de séduction assez redoutable qu’elle l’a toujours aimé et que c’est lui la source de son trauma. Il semble ne pas y prêter attention, ni d’empathie à qui parle, un protecteur, qq chose de blessé qui pleurs, il se protège à priori. Peu importe, au contraire même, devant l’émotion c’est plutôt frais comme accueil.
Ce thérapeute semble surpris d’un transfert amoureux vers lui qui dure depuis 1 an. 1 an, ca fait un paquet de séances avant de s’en rendre compte, assez étonnant. Est ce au service du lien, de la confiance, de la relation ? A priori non. Comme la cliente, j’aurai un doute sur ses capacités. Je me dis que si le thérapeute n’a pas vu le transfert de sa cliente, peut-être n’a-t-il pas voulu voir son propre contre transfert, ou que ce transfert l’arrangeait bien… gagner une séance de plus à se sentir aimé, avant de nommer les choses… ?
Pour autant, cet acteur a un charisme qui va vraiment bien dans le rôle du thérapeute, une bienveillance, un amour de l’autre, une fermeté aussi, il est à la fois déstabilisé mais aussi à un endroit il n’est pas dupe, il reste ferme épisode après épisode.
Comme il a un fond plutôt bon et sain, si j’étais devant lui, je crois que ce serait le bras de fer analytique entre lui et moi. Qui sera le plus fort à ce jeu là ? Je rentrerai dans le jeu et le duel avec ses protections. Sorte de bataille de Jedi, protecteur contre protecteur. Avec au final un gagnant et un perdant. Dans les deux cas ce n’est probablement pas aidant pour la thérapie. Il y a aussi dans ce thérapeute un coté un peu autoritaire, le client doit se soumettre à son analyse, à son savoir, il sait, il affirme. Pour mes protecteurs c’est une faille que j’exploiterai, car cela dit qq chose de son caractère, encore des aspérités dans lesquels des protecteurs pourraient s’engouffrer ou fuir. S’il a tord, la thérapie s’arrête là, échec et mat, confiance perdue. Si le client a tord, est-ce que cela participe à son autonomie, à le faire grandir ? Peut-être même le client pourrait se sentir rabaissé, voir humilié selon ses thématiques.
Je dois ajouter que cette série a eu un impact sur moi. Je vois que la posture de cet acteur thérapeute m’intéresse, qu’elle agite des choses en moi. En client, j’aurais bien aimé que mon psychanalyste soit un peu plus dans l’analyse justement, voir la confrontation. Peut être pour rechercher la bataille, peut-être pour tuer le père. Après 10 ans, je vois qu’il y a qq chose en moi en compétition. En thérapeute, je vois aussi qu’avec une de mes clientes, une des plus difficiles, à l’insu de mon plein grès j’ai été bien plus entreprenant suite au visionnage de la série, mettant en lumière chez elle des choses qu’elle ne voyait pas, des pans dans l’ombre. Sa réaction a été assez vive : “je suis vraiment déçue par vous, je ne sais pas si je vais revenir”. On doit se voir samedi, je vais voir les conséquences. Je suis tranquille avec ca, après 30 séances on peut se dire plus de choses qu’après 3. Pour autant j’ai pris un risque qu’elle ne revienne pas. Mais je crois aussi qu’il faut bousculer de temps en temps, au bon moment. Il y a qq chose en moi qui aime ces moments d’équilibriste, la puissance de l’instant. Ma cliente a confirmé le rdv, elle va revenir.
-
lien vers un entretien de psy sur la série https://madame.lefigaro.fr/bien-etre/en-therapie-arte-serge-hefez-interview-110221-194942
-
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
